Les grands fonds marins sont aujourd’hui prisonniers d’un débat portant exclusivement sur la question de leur exploitation minière. Les enjeux sont certes massifs, alors que la tension est de plus en plus vive entre les besoins énergétiques et en minéraux de l’économie mondiale d’une part et l’exigence de protection de la biodiversité marine dans le cadre de la lutte contre le changement climatique d’autre part. Cette approche est cependant réductrice car les grands fonds sont susceptibles de rendre d’innombrables autres services à l’humanité si on les approche avec respect et dans une logique de préservation, ce que les cultures insulaires du Pacifique expriment d’ailleurs souvent très bien.
Les 13 et 14 juin 2023, le comité France Territoires du Pacifique du PECC (FPTPEC) organisera un séminaire PECC International à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie, afin d’explorer la diversité et la complexité des termes du débat, avec la participation des différents acteurs : entreprises, chercheurs, scientifiques et gouvernements aux fins d’informer et d’offrir des recommandations en vue de la mise en œuvre éclairée de politiques publiques autour de ces espaces vierges encore largement inconnus. Certaines économies riveraines du Pacifique et de l’Océan Indien ont soit déjà obtenu l’élargissement de leurs ZEE ou sont dans l’attente de réponses positives en vue de leur exploitation et/ou de leur protection. Dans ce contexte il serait imprudent de mélanger exploration et exploitation, au risque d’endommager irrémédiablement ce bien commun de l’humanité ; il paraît ainsi urgent de proposer des éléments de réflexion aux décideurs étatiques.
Il s’agira ainsi de dresser un état des lieux de la connaissance des fonds marins et de leur potentialité au-delà des seuls aspects miniers, notamment en matière de recherche scientifique et de santé globale, mais aussi d’éclairer les enjeux technologiques et économiques pour l’accès à cette connaissance et de compétitivité dans ces secteurs. La question de l’exploitation minière et énergétique sera abordée sous l’angle des attentes des pays de la région à la recherche de matériaux pour répondre aux nouvelles exigences de lutte contre la pollution ou le réchauffement climatique et des risques écologiques qu’elle engendre et des manières de les prévenir. Enfin, les enjeux culturels et sociologiques feront l’objet d’une attention particulière, compte tenu de la contribution des populations locales dans la préservation de ces espaces.
Ce séminaire s’inscrit dans le cadre des travaux du FPTPEC sur « l’économie bleue » inscrits au programme du PECC qui a donné lieu à un séminaire général en 2022 à Tahiti. Il s’inscrit également dans l’agenda porté par le président français sur la gouvernance des océans, avec l’accueil en 2025 en France de la conférence des Nations Unies sur les Océans conjointement avec le Costa Rica. Il entend enfin contribuer aux réflexions de la communauté internationale dans le cadre de la décennie de l’UNESCO sur les océans.